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SAP : apparences et réalités

Écrit par ELR.

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Bill McDermott, CEO (Chief Executive Officer – c’est à dire Président du Directoire de SAP) est attendu à Paris et à l’Elysée, du 14 au 16 avril 2015.

L’information, parue sur internet :
http://www.solutions-logiciels.com/actualites.php?titre=Bill-McDermott-le-patron-de-SAP-a-lElysee&actu=15500 avait déjà fait l’objet d’une communication aux salariés SAP dès la mi-mars 2015

Cette visite en France du « dirigeant »  de SAP présente aux yeux de la CGT@SAP quelques éléments étranges et sujets à interrogations. Voici quelques-unes de nos réflexions.

Questions de Gouvernance :

L’année dernière, en mars 2014, Bill McDermott prétendait « redoubler nos [SAP] efforts  en France en matière de R&D ». Il aurait selon la presse internet rencontré le secrétaire général de l’Elysée de l’époque (Emmanuel MACRON).
http://pro.clubic.com/it-business/progiciel/sap/actualite-688906-sap-bill-mcdermott-investir-france.html

Or quelques semaines plus tard, la DRH de SAP France démentait en réunion de CE ces informations : « En fait, Bill Mc Dermott a simplement expliqué aux journalistes, qu’il a rencontrés, que SAP disposait d’un centre de R&D majeur en France ». Aucun démenti n’a été apporté aux différents articles de presse déjà publiés et qui reproduisaient les prétentions attribuées à Bill McDermott. Pourtant ces éléments auraient pu induire le gouvernement en erreur.

Comment une simple DRH d’une filiale locale peut-elle ainsi démentir le « CEO » patron mondial quand il s’exprime à la presse ?

Le CEO n’est-il qu’un simple porte-parole de SAP ?

Qui dirige vraiment SAP ?

Cette dernière question peut sembler excessivement suspicieuse. Cependant elle découle des pratiques internes à SAP où les dirigeants en titres des sociétés juridiques SAP ne sont pas toujours ceux qui décident.
Le dernier PSE de SAP en France l’a montré clairement. Les suppressions de poste en France auraient été décidées par « Board Area », c’est-à-dire par domaine d’intervention de chacun des membres du Directoire du Groupe SAP : http://www.sap.com/corporate-en/about/our-company/our-boards/global-managing-board.html.

Qui décide vraiment ? Prenons l’exemple du directeur général de SAP France. Au sens du Droit des sociétés, « le directeur général est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom de la société ». (L.225-56 Code de Commerce). Or le directeur général de SAP France est, dans l’Entreprise SAP, sous l’autorité hiérarchique d’une personne, elle-même salariée de SAP France, donc juridiquement sous son autorité…. Quelle est donc la vraie signification de son titre de DG ? Tout se passe comme si les intitulés affichés ne correspondaient pas à un véritable pouvoir dans l’Entreprise. Comment savoir ?

Les représentants du personnel de SAP France constatent depuis plusieurs années que les personnes supposées représentées l’ « Employeur SAP » et qui président ou interviennent à ce titre en réunion de CE, CHSCT ou DP ne sont pas à même de répondre aux questions posées en séance ; il leur faut être préalablement informées des questions bien en avance de la réunion.

Les interlocuteurs des IRP sont trop souvent, sans pouvoir, voire sans connaissance véritable des sujets présents à l’ordre du jour. Tout se passe comme si derrière l’apparence d’un dialogue social organisé, il fallait cacher les véritables décideurs, hommes ou femmes de l’ombre inatteignables ; comme s’il fallait, pour le moins, les préserver des questions précises des salariés auxquelles ils ou elles seraient bien en mal de répondre.  

SAP sait donc interposer des « porte-paroles » entre l’Entreprise et ses salariés. Pourquoi la même méthode ne serait-elle pas utilisée avec les autres ‘Stakeholders‘ (fournisseurs, clients, institutions, Etat, etc. ) ?

La question qui se pose est donc la suivante: qui dirige vraiment SAP et comment s’en assurer ?

Deux visites séparées d’un an…

La visite du « patron » de SAP ressemble fort à une réunion de bilan. S’agirait-il de faire le point sur un objectif fixé l’année dernière ? On dirait  que l’un des protagonistes (SAP ou le gouvernement français) aurait demandé à l’autre de faire le bilan d’actions réalisées pendant un an. Bill McDermott rencontre en effet les mêmes interlocuteurs dont l’un est passé du secrétariat de l’Elysée au Ministère de l’Economie et … du Numérique.

On prétend qu’ « Emmanuel Macron pourrait porter un projet de loi consacré au numérique »
http://www.nextinpact.com/news/93667-emmanuel-macron-pourrait-porter-projet-loi-consacre-au-numerique.htm.
La visite du CEO de SAP entrerait-elle dans cette intention. Le gouvernement ne saurait ignorer le vif débat instauré en Allemagne courant du mois de mars 2015 sur les relations entre SAP et les organes de surveillance américains (NSA et CIA) qui ont amené le porte-parole de SAP, Bill McDermott à s’exprimer récemment auprès des salariés.

En synthèse, personne n’a intérêt  à se satisfaire du  discours affiché

Nous ne pensons pas que SAP ait envie de créer un nouveau centre R&D en France. Le désinvestissement de SAP France en matière de formation des salariés est une tendance « majeure » de ces 15 dernières années. Les annonces SAP faites à la presse en 2014 nous semblent donc sans fondement.

Quant à la « réunion avec nos principaux interlocuteurs business et institutionnels et en profiterons pour réaliser une première inauguration de notre nouveau siège auprès de l’écosystème de SAP en France en présence de Bill et des dirigeants de la Market Unit, des Labs et des sociétés acquises. », c’est l’affichage officiel un tantinet ‘people’ de la visite du CEO. Car la Tour SAP est occupée depuis août 2014 par la « Market Unit » (le commercial) SAP. Les clients, « stratégiques » ou pas, y sont reçus depuis plusieurs  mois. Les 500 salariés de R&D installés dans les anciens locaux de BO ne devraient déménager vers la Tour (qui sera surpeuplée à leur arrivée) qu’à partir du 20 avril !

Assurément la face cachée de la visite du CEO, Bill McDermott, du 14 au 16 avril en France mérite d’être explorée, tant pour les salariés français que pour les clients et fournisseurs (l’écosystème en langage « SAPien ») français.